Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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Environnement et subsistance des derniers chasseurs-cueilleurs dans la basse vallée du Rhône et ses marges du pléniglaciaire supérieur (20 ka BP) à l’optimum climatique (8 ka BP) / Maryline Rillardon

[Soutenance de thèse]


vendredi 17 décembre 2010 à 9 heures
Aix-en-Provence - MMSH - Amphithéâtre

Jury
 Manuel Pérez Ripoll
 Jean-Denis Vigne
 Jean-Philip Brugal
 Frédéric Bazile
 Jean-Christophe Castel
 Robert Chenorkian
 Sandrine Costamagno

Résumé
Le but de notre recherche concerne la reconstitution des environnements et des modes de subsistance des derniers chasseurs-cueilleurs de la basse vallée du Rhône et ses marges, entre le maximum glaciaire et l’optimum climatique (20-8 ka BP). Elle vise à caractériser les comportements humains à la transition Tardiglaciaire-Holocène, synchrone de la déglaciation et des forts changements environnementaux, dans une région marquée par une biogéographie particulière, avec des successions culturelles spécifiques. Dans cette perspective, notre travail s’est tout d’abord basé sur l’analyse taphonomique et archéozoologique des archéofaunes de 14 gisements du Languedoc oriental (Salpêtrière, Oullins, Valorgues, le Plaisir, Fontaine du Pila, Saut du Loup, Chazelles) et du Vaucluse (Chinchon 1 et 2, Gramari, Abri Gauthier, Vauloubeau, Les Agnels, Soubeyras), datés entre le Solutréen et le Mésolithique. De plus, un inventaire a été réalisé combinant les données archéozoologiques de l’ensemble des gisements de cette période de transition dans la région considérée, soit un total de 100 niveaux archéologiques provenant de 48 gisements. L’intégration de nos résultats à cette base de données permet de proposer un bilan diachronique régional portant sur la chrono-biogéographie des espèces animales et sur les stratégies adaptatives des différentes cultures préhistoriques face au réchauffement climatique.
La chronologie de la succession des faunes froides à tempérées, bien que cohérente avec celle connue pour les autres régions françaises, est néanmoins plus précoce, avec une évolution des biomes perceptible dès la seconde moitié du Dryas I/début Bölling (apparition du sanglier, accroissement du cerf, absence du bison), en lien avec une coupure climatique importante (début du Tardiglaciaire) dès 18 ka BP en Languedoc oriental.
Dès la fin du Solutréen, les modes d’acquisition des ongulés se modifient, avec le passage de spectres de chasse dominés par le renne à des spectres de chasse plus diversifiés. Dans les phases chrono-culturelles postérieures (Salpêtrien ancien au Mésolithique), les associations sont généralement composées de plusieurs espèces, avec une légère prédominance de deux ou trois espèces (cheval, cerf, sanglier, boviné). Néanmoins, l’existence de spectres plus spécialisés persiste. Au Solutréen, l’exploitation des taxons principaux (renne, cheval) est maximale, se caractérisant par la récupération des divers produits alimentaires et utilitaires (os, bois de cervidé, tendons, sabots de cheval).
L’introduction des espèces de petite taille dans la diète des Hommes préhistoriques est attestée de façon sporadique dès le Magdalénien moyen et terminal, mais ne connaît son véritable essor qu’à l’Epipaléolithique, avec l’acquisition en quantité importante de la malacofaune terrestre et des lapins. Au Mésolithique cette acquisition s’étend à la malacofaune marine, aux poissons et aux tortues.
Du Solutréen au Mésolithique, la diversification des ressources alimentaire est relativement limitée. Durant toute la période considéré, un nombre relativement important d’espèces d’ongulés est acquis, y compris dans les spectres plus spécialisés sur le renne, et l’acquisition des petits gibiers concerne, dans la majorité des sites, une seule espèce qui livre des quantités limitées de matière carnée ; la majorité étant fournie par les ongulés.

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