Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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Formes et fonctions au sein des industries lithiques de la fin du Pléistocène et du début de l’Holocène en Asie du sud-est / par Antony Borel

[Soutenance de thèse]

Jeudi 2 décembre à 14 heures
Paris (Institut de Paléontologie humaine)

Un nouvel apport à la compréhension des comportements humains

Sous la direction de Claire Gaillard et la co-direction de Marie-Hélène Moncel, François Sémah & Robert Sala

Jury
 Javier Baena Preysler
 Eusebio Dizon
 Peter Bellwood
 Andreu Ollé Canellas
 Emmanuelle Pouydebat
 Anne-Marie Sémah
 Truman Simanjuntak

Résumé
Les progrès des travaux sur la préhistoire de l’Asie du Sud-Est dépendent dans une large mesure de l’étude des industries lithiques. Ces dernières sont cependant bien différentes de celles connues en Europe et délicates à caractériser par la typo-technologie qui paraît simple et assez monotone sur la durée. L’exemple de la grotte de Song Terus (Indonésie) est parfait pour l’étude d’un (ou plusieurs) des groupes humains qui se sont dispersés sur les archipels après le dernier maximum glaciaire. L’industrie lithique de ce site provenant des niveaux du début de l’Holocène, entre 11 000 et 5 000 ans BP, est essentiellement constituée d’éclats en silex, souvent corticaux.
Dans ce travail, une étude morphologique indique que les retouches se trouvent le plus fréquemment en position adjacente à l’angle le plus petit de la pièce et que les types de segments les plus nombreux sont les méplats et les tranchants fins non corticaux. Une analyse tracéologique souligne l’importance des activités liées au travail du végétal. Une étude détaillée de chacune des pièces observées tracéologiquement et le croisement de l’ensemble des résultats mettent en évidence une tendance à l’utilisation de segments rectilignes, non corticaux, bien souvent tranchants (< à 75°) et de préférence adjacents à un angle compris entre 65 et 96°. Bien souvent, les pièces ne sont utilisées que sur une seule zone (angle ou segment), d’ailleurs relativement limitée par rapport au périmètre de l’objet. Par ailleurs, la retouche peut correspondre à la zone utilisée ou participer à la création d’une zone active qui sera utilisée (bec par exemple). Elle peut aussi contribuer à une mise en forme pour un éventuel emmanchement comme le suggèrent certaines observations tracéologiques. Le recours aux méthodes de morphométrie (analyses de contours par la méthode de Fourier elliptique notamment) démontre qu’il n’existe aucun groupe de forme spécifique clairement discriminant au sein de l’assemblage. De plus, une forme donnée n’est pas reliée à une fonction précise et inversement.
L’intérêt des Hommes ne se tournait donc pas vers des pièces de formes spécifiques mais vers la présence de certaines zones actives de morphologies particulières, associées à des zones de préhension permettant une meilleure utilisation. La méthode de débitage employée est à la fois simple et efficace pour une production quantitative d’éclats. Elle répond parfaitement aux nécessités d’une telle industrie, dont la finalité suggérée est d’être un moyen transitoire et efficace de se constituer une boîte à outils dans des matières premières (végétales et osseuses) plus adaptées et adaptables aux besoins de la vie quotidienne dans un environnement forestier.

Mots clés :
Forme, fonction, morphologie, tracéologie, morphométrie, Fourier elliptique, industrie lithique, Holocène, Indonésie