Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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Environnements et climats des Homininés en Italie ... / Ronan Orain

[Soutenance de thèse]

Environnements et climats des Homininés en Italie centrale et méridionale au Pléistocène moyen : Apports de l’analyse pollinique

mercredi 1er octobre à 13 heures 30
Paris : Institut de Paléontologie humaine

Jury
Mme Anne-Marie Sémah, Directrice de recherche (IRD, UMR CNRS-7159), Directrice de Thèse
M. Vincent Lebreton, Maître de Conférence HDR du MNHN, Co-Directeur de Thèse
Mme Elda Russo Ermolli, Chercheur HDR, Université de Naples (Italie), Co-Directeur de Thèse
Mme Adèle Bertini, Chercheur HDR, Université de Florence (Italie), rapporteur
M. Chris Hunt, Professeur, Université de Belfast (Royaume-Uni), rapporteur
M. Jacques-Louis de Beaulieu, Directeur de recherche (CNRS UMR-6116), rapporteur
Mme Nathalie Combourieu-Nebout, Directrice de recherche (CNRS UMR-8212), examinateur
M. Carlo Peretto, Professeur, Université de Ferrare (Italie), examinateur

Résumé
Au Pléistocène moyen, un ensemble de populations humaines, porteur de nouvelles traditions techniques du Paléolithique inférieur de Mode 2, occupe l’Italie. Les sites de Notarchirico, La Pineta, Loreto, Fontana Ranuccio, Guado San Nicola témoignent d’occupations préférentielles des vallées des Apennins centrales et méridionales. La palynologie constitue un outil puissant pour extraire les informations paléoécologiques, paléoenvironnementales et paléoclimatiques des archives sédimentaires contemporaines de ces occupations. Ainsi, la séquence pléistocène moyen du bassin de Boiano (Molise, Italie) documente les dynamiques environnementales survenues dans ce bassin des Apennins méridionales. La palynologie a permis d’affiner la chronostratigraphie des dépôts du bassin de Boiano en enregistrant ainsi les changements de végétation survenus entre les stades isotopiques 13 et 9. La séquence pollinique constitue le premier enregistrement des stades 11 et 9 en Italie. Les dynamiques de végétation restituées décrivent la succession d’un interglaciaire méditerranéen au MIS 13, d’un glaciaire intense au MIS 12, puis d’un nouvel interglaciaire tempéré et humide au MIS 11. Enfin, après un hiatus correspondant au MIS 10, un interglaciaire méditerranéen correspondant au MIS 9 termine la séquence. Les interglaciaires sont caractérisés par la succession de forêts caducifoliées, accompagnées de quelques taxons sclérophylles lors des épisodes méditerranéens, puis de forêts de conifères d’altitudes. Le seul épisode glaciaire est quant à lui marqué par des milieux ouverts et un développement limité de la steppe.
Les reconstitutions environnementales basées sur les diagrammes polliniques et les reconstructions des paramètres climatiques à partir de l’Approche par la Coexistence montrent que l’humidité climatique est le paramètre clé variant le plus entre les différentes phases climatiques enregistrées au sein des différentes séquences des Apennins Méridionales. Cependant, une forte représentation des Cyperaceae tout au long de la séquence témoigne du maintien d’une importante humidité édaphique locale conditionnée par la morphologie du bassin. Cette constante a influencé le développement de la végétation locale, faisant du bassin de Boiano une zone refuge pour les taxons exigeants en humidité. Carya persiste ainsi jusqu’au MIS 9, son enregistrement le plus récent en Europe occidentale. Dans le même temps, Picea se maintient à la faveur de cette humidité locale et de niches d’altitude sur les reliefs voisins. A l’opposé, ces conditions singulières limitent le développement de taxons inféodés à des sols plus secs. Ainsi, Quercus est peu abondant à Boiano, alors qu’il est généralement largement dominant dans les assemblages du Pléistocène moyen italien. La forêt méditerranéennee est aussi peu représentée durant les interglaciaires. Enfin, Fagus ne se développe que tardivement à Boiano par rapport au reste de l’Italie méridionale.
La densité de sites préhistoriques d’Italie centrale et méridionale pourrait s’expliquer par les ressources que représente la biodiversité faunistique et floristique de ces écosystèmes privilégiés, mais aussi par les possibilités pour les groupes humains de se maintenir dans la région durant les phases glaciaires, probablement dans les zones refuges locales. Ces espaces protégés ont pu permettre une persistance des écosystèmes les plus exigeants, offrant aux Homininés une opportunité de conserver leurs comportements malgré la pression climatique dont les effets sur les environnements auraient été modérés.

Annonce et résumés