Les pratiques de sevrage de deux communautés du Néolithique moyen dans la région du Bassin Parisien ont été étudiées, pour la première fois à partir de l’analyse conjointe des rapports isotopiques du carbone et de l’azote dosés sur des acides aminés. Les résultats de ces travaux suggèrent l’hypothèse d’une consommation de ressources d’eau douce par les très jeunes enfants. Cette étude nuance ainsi l’utilisation systématique d’un aliment de sevrage à base d’amidon (comme la bouillie de céréales) en proposant un aliment de sevrage à base de protéines. Un tel résultat déjà observé dans d’autres sociétés illustre que cette pratique était probablement plus répandue qu’on ne le pensait, et notamment dans les communautés du Néolithique moyen de la région du Bassin parisien Cette découverte incite donc à repenser le rôle des aliments de sevrage protéinés dans d’autres contextes archéologiques.
D’un point de vue plus méthodologique, cette recherche montre également que l’hypothèse commune selon laquelle les aliments de sevrage et les régimes alimentaires des adultes partagent des compositions isotopiques similaires peut être problématique, car l’utilisation d’aliments de sevrage à base de protéines et de niveau trophique élevé peut fausser la courbe de l’évolution des valeurs des ratios isotopiques de l’azote et produire une estimation erronée des âges de sevrage.
Cette recherche a été réalisée par Christina Cheung, post-doctorante au LAMPEA (2019-2021) en collaboration avec Estelle Herrscher dans le cadre du projet ANR NEOGENRE (dirigé par Aline Thomas (Ecoanthropologie, MNHN, Paris).
Référence
Cheung C, Herrscher E, and Thomas A. 2022. Compound specific isotope evidence points to use of freshwater resources as weaning food in Middle Neolithic Paris Basin. American Journal of Biological Anthropology First published : 21 July 2022. https://doi.org/10.1002/ajpa.24591.
Voir en ligne : https://onlinelibrary.wiley.com/doi...