Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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Annonce | Des Hommes et des Hyènes en République de Djibouti

Un projet traitant de la taphonomie et de l’écologie des hyènes modernes à Djibouti, développé et porté par un membre du LAMPEA (Jean-Baptiste Fourvel) fait l’objet d’une page dédiée sur la page web des Grands Sites Archéologiques du Ministère de la Culture. Mis en place en 2019, ce projet, adossé à la mission PSPCA (Premières Sociétés de Production dans la Corne de l’Afrique, Ministère français de l’Europe et des Affaires Étrangère et IRAH à Djibouti) dirigée par J. Cauliez (CNRS, UMR 5608 Toulouse), vise à identifier les comportements des prédateurs actuels et la place qu’ils occupent au regard des communautés pastorales et proposer des modèles taphonomiques transposables au registre fossile.

Depuis les phases anciennes du Quaternaire, homininés et faunes évoluant au sein d’écosystèmes communs, interagissent. Hommes et Carnivores, en particulier, entrent en compétition pour l’accès aux proies et à l’habitat. Les gisements archéo-paléontologiques conservent les témoignages partiels (biais taphonomiques) de ces interactions et retranscrivent l’évolution de ces relations mais ne peuvent être interpréter sans une connaissance fine des comportements modernes. L’éthologie des prédateurs, vu sous le prisme de la taphonomie, participe à la production de modèles actualistes comparables aux ensembles fossiles. Cette approche, en plus de documenter des comportements, nous renseigne sur l’évolution des relations entre communautés humaines et carnivores.

Photo. 1. Vue sur une tanière d’hyène de Doumali © Jean-Baptiste Fourvel

C’est dans ce contexte qu’un projet portant sur le comportement des hyénidés modernes dans les contextes anthropisés de Djibouti a vu le jour. Deux espèces d’hyène sont actuellement présentes à Djibouti : l’hyène tachetée (aux capacités de chasse souvent sous-estimées) et l’hyène rayée (prédateur solitaire, essentiellement charognard). Ces carnivores, très présentes sur le territoire djiboutien, ont un réel impact sur le cheptel domestique. Au sommet de la chaîne alimentaire dans les écosystèmes arides de Djibouti, les hyènes se développent et les populations croissent (absence de compétiteurs, tels que le lion ou le léopard). Par conséquent, les communautés locales ont recours à différents modes de protection du bétail et de piégeage des prédateurs.

Photo. 2. Enclos de protection pour les chèvres, secteur D’Ouro Ali © Jean-Baptiste Fourvel
Ces recherches s’inscrivent dans ce contexte de compétition entre communautés pastorales et carnivores à Djibouti, un contexte pour partie comparable au cadre des premières communautés d’éleveurs de la Préhistoire récente. Il s’agit d’une région idéale pour le développement d’études néo-taphonomiques. L’abondance des hyènes, du bétail (chèvres, moutons, bœufs, dromadaires) et la présence des communautés locales constituent les éléments essentiels pour la restitution des relations entre Homme et Carnivore avec de multiples enjeux parmi lesquels : i) la caractérisation des modalités d’occupation et de partage des territoires entre communautés humaines et animales (carnivores), ii) l’identification des relations et interactions, via l’étude des ensembles osseux (repaire), entre ces communautés, iii) l’établissement d’un modèle des relations Homme-Carnivore applicable aux ensembles de la Préhistoire récente.

Voir en ligne : Des Hommes et des Hyènes en République de Djibouti