La région Provence, située dans le sud-est de la France, a connu quelques tremblements de terre destructeurs au cours des derniers siècles, comme le tremblement de terre de Lambesc de 1909 ou les tremblements de terre de Manosque de 1509 et 1708. Cependant, les failles dans la zone présentent des taux de glissement lents (<0,1 mm / an) qui empêchent la quantification de la déformation
en utilisant des mesures géodésiques. Les failles actives en Provence ont de longs intervalles de récurrence et la région subit une érosion sous un climat méditerranéen où les marqueurs de surface d’une telle déformation sont rapidement effacés. En conséquence, plusieurs failles dans la région peuvent passer inaperçues malgré le potentiel de générer des tremblements de terre.
Ce travail se concentre sur la région de Vinon-sur-Verdon en Provence, où une structure de faille relativement étroite, la faille de Maragrate, met en contact des argiles du Miocène et des conglomérats du Pliocène. En raison de sa proximité avec une grande installation de recherche nucléaire, cette faille présente un risque sismique potentiel qui justifie des études visant à obtenir un aperçu de sa mécanique et de son activité sismique quaternaire. Dans ce contexte, une approche multidisciplinaire a été mise en œuvre. Une campagne LiDAR a été entreprise pour générer un modèle numérique d’élévation (DEM) haute résolution de 30 cm qui décrit en détail la morphologie actuelle des failles. En parallèle, une campagne de résistivité électrique a été menée et trois tranchées ont été ouvertes. Ces investigations ont révélé un contact de faille exprimé par une zone de gouge de faille surmontée et scellée par de nombreux ravinements périglaciaires de haute énergie datés du quaternaire récent. La datation par luminescence au radiocarbone et à stimulation optique a permis de reconstituer chronologiquement les cycles de dépôt et d’érosion des sédiments et de l’événement de déformation le plus récent, ayant plus de 20 ka. Ces investigations ne nous ont pas permis de démontrer avec certitude que ces déformations sont de nature co-sismique. Ce travail met en évidence la difficulté d’identifier les failles et d’étudier l’aléa sismique dans des contextes intracontinentaux.