Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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Inventaire des accidents siliceux des formations Oligocènes de la région de Céreste-Forcalquier

Responsable : Ludovic Slimak

Équipe

Céline Bressy : Caractérisation, géochimie accidents siliceux
Christophe Gilabert : Néolithique
Jean-Louis Guendon : Géomorphologie
Cyril Montoya : Paléolithique
Vincent Ollivier : Géomorphologie
Stéphane Renault : Néolithique

Objectif

Le travail de prospection engagé depuis 2001 se fixe pour objectif un recensement exhaustif des accidents siliceux de l’Oligocène moyen (Stampien supérieur) et supérieur (Chattien) entre Céreste et Forcalquier. Cette aire géographique déjà fortement investie par des programmes de recensements des formations siliceuses (Binder et al. 1998, Renault 1998, Guilbert 2000) est caractérisée par une abondance de silex de qualité exceptionnelle et présentant une importante variabilité faciologique. L’accessibilité et l’exploitation de ces matériaux dans le temps constitue un deuxième volet de ces travaux. Ce projet constitue un des axes de recherche de l’UMR 6636 sous l’appellation « Archéologie, géologie, géomorphologie et pétrographie. Les formations siliceuses provençales ».

Aspects méthodologiques

En archéologie préhistorique, le recensement des matériaux siliceux repose sur une démarche de cartographie des gîtes. L’efficacité de cet outil est contingentée par la topographie actuelle aux abords des formations siliceuses. La position stratigraphique des accidents siliceux dans un étage géologique n’est jamais abordée. La recherche d’exhaustivité élaborée par notre équipe pluridisciplinaire s’appuie sur une caractérisation stratigraphique géologiquement exhaustive des formations siliceuses au sein d’un étage géologique. Cette approche permet d’appréhender la notion de variabilité faciologique des formations siliceuses. Ces données sont corrélées à une analyse archéologique et géomorphologique afin d’évaluer les modalités d’accessibilité aux matériaux dans le temps.
Les prospections effectuées sur les formations siliceuses de la vallée du Largue se focalisent donc autour de quatre problématiques :

 la reconnaissance des accidents siliceux présents au sein des calcaires de l’Oligocène ;
 l’établissement de la variabilité stratigraphique et/ou latérale des composants siliceux de cette formation de l’Oligocène ;
 la caractérisation de l’évolution géomorphologique des versants en vue d’une approche de l’accessibilité des gîtes dans le temps ;
 le recensement diachronique des installations préhistoriques à proximité des sources de matière première.

Premiers résultats

Nous avons effectué à ce jour cinq coupes détaillées accompagnées d’un prélèvement systématique des accidents siliceux observés en place et d’analyses pétrographiques des différents faciès suivant une démarche établie par Céline Bressy (Bressy 2003). Ces transects géologiques permettent d’aborder la position stratigraphique des silicifications au sein du Stampien supérieur et du Chattien. Outre l’assurance d’un recensement exhaustif des silex, cette démarche permet d’évaluer clairement la notion de variabilité des faciès siliceux et d’appréhender les causes de ces variations. Effectivement, Les silicifications de l’Oligocène sont réputées pour leur très grande variété faciologique qui rend leur recensement particulièrement délicat dans la mesure où les causes de ces variations restent actuellement mal connues.
D’un point de vue archéologique, l’essentiel des industries mises en évidence résultent d’exploitations chasséennes et néolithique final. Une ou des occupations du Paléolithique supérieur est vraisemblable, mais cette présence humaine pléistocène reste particulièrement discrète et aucune attribution culturelle ne peut être solidement établie. En l’état, à proximité des gîtes de silex du Largue, le grand absent de ces prospections reste le Paléolithique moyen dont aucun indice n’a été mis en évidence. Ces résultats dénotent très fortement vis-à-vis du terroir de Céreste où les gîtes de silex sont presque systématiquement associés à du matériel attribuable au moustérien (Ateliers des Craux/Bontemps, Slimak et al. 2001)1 ou à un Acheuléen supérieur (site de la Combe Joubert, Slimak et al. sous-presse)2. Cependant cette dichotomie ne stigmatise pas nécessairement une réalité archéologique et la possibilité de processus taphonomiques différentiels entre Céreste et la vallée du Largue devra être testée par un diagnostic géomorphologique solide.

La démarche associant géologie stratigraphique et pétrographie nous a conduit à établir un corpus novateur de recensement des matières premières qui ne repose non plus sur une cartographie des affleurements siliceux, mais sur une caractérisation stratigraphique systémique des accidents siliceux3. Cette stratégie permet, pour la première fois, d’assurer l’exhaustivité de l’inventaire des silicifications au sein d’un terroir et d’aborder concrètement la notion de variabilité de ces silex (Slimak et al. à paraître). Cette méthodologie qui s’applique ici aux formations siliceuses de Haute-Provence pourrait trouver sa pleine efficacité par une généralisation de cette démarche en archéologie préhistorique.

Ludovic Slimak, Céline Bressy, Jean-Louis Guendon, Cyril Montoya, Vincent Ollivier, Stéphane Renault, Christophe Gilabert.
UMR 6636, CNRS, Université de Provence

Bibliographie de référence

Binder D., avec la collaboration de Barbier M. et Guilbert R., 1998, Recensement des disponibilités en matières premières lithiques dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Rapport de synthèse sur les prospections thématiques en Provence rhodanienne 1995-1997, SRA PACA.
Bressy C., 2003, Caractérisation et gestion du silex des sites mésolithiques et néolithiques du Nord-Ouest de l’arc alpin. Une approche pétrographique et géochimique, BAR International Series, 1114, 295 p.
Guilbert R., 2000, Gestion des industries lithiques mésolithiques du Sud-Est de la France, Thèse, Univ. Paris I.
Renault, S., 1998, Recherches en contexte d’extraction de silex et d’ateliers de taille du Néolithique final, Rapport de prospection thématique dans la vallée du Largue (Alpes-de-Haute-Provence). Communes d’Aubenas-les-Alpes, Revest-des-Brousses, Saint-Michel l’Observatoire et Vachères, SRA PACA, 35 p.
Slimak L., Gilabert, C., Guendon J-L., Montoya C., Ollivier V., Renault S., 2001, La Combe Joubert (Céreste, Alpes-de-Haute-Provence) : apports archéologiques et géologiques d’une fouille paléolithique en Luberon, Courrier Scientifique du Luberon, 2001, p. 12-21.
Slimak L., Da Silva J., Gilabert Ch., Guendon J-L., Montoya C., Ollivier V., Raydon V., Renault S., 2003, La Combe Joubert (Céreste, France), un assemblage paléolithique original en Haute-Provence, C. R. Palevol 3 (2004) 77–84 .
Slimak L., Bressy C., Guendon J-L., Montoya C., Ollivier V., Renault S., 2005, Exploitation paléolithique de silex oligocènes en Haute-Provence (France). Caractérisation des matières premières et processus d’acquisition, (à paraître), C. R. Palevol 4 (2005) 359–367.