Laboratoire méditerranéen de préhistoire Europe Afrique (LAMPEA) — UMR 7269 — Université d’Aix-Marseille, CNRS, INRAP



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La parure : traceur de la géographie culturelle et des dynamiques de peuplement au passage Mésolithique-Néolithique en Europe / Solange Rigaud

[Soutenance de thèse]

mardi 13 décembre 2011
Université Bordeaux 1 : Amphithéâtre B - ENSEIRB

Jury
 Guido Barbujani
 Didier Binder
 Francesco d’Errico
 Jacques Jaubert
 Nicolas Valdeyron
 Boris Valentin
 Marian Vanhaeren

Résumé


De nombreux scenarii, incluant une variété de processus culturels et populationnels, ont été proposés pour décrire le phénomène de néolithisation en Europe. Le travail mené consiste à discuter ces processus, à travers une analyse diachronique des objets de parure utilisés par les communautés de chasseurs-cueilleurs et d’agriculteurs européens impliqués dans ces changements.
La première partie du travail a consisté en l’analyse de 4 177 objets de parure, combinant des analyses morphométriques, technologiques et tracéologiques. Le matériel provient des séries archéologiques attribuées au Mésolithique final de Braña-Arintero (Espagne), de Hohlenstein-Stadel, Groβe Ofnet (Allemange) et des premières phases du Néolithique ancien de Essenbach-Ammerbreite (Allemagne).
Les axes de travail développés à l’échelle régionale au cours de l’analyse du matériel ont ensuite été testés à l’échelle continentale à travers la constitution et l’analyse spatiale et statistique (analyses de voisinage, d’ordination, calculs de densité de Kernel et interpolations Spline) d’une base de données des éléments de parure recensés sur 1 022 unités stratigraphiques appartenant à 408 gisements attribués au Mésolithique et au Néolithique ancien en Europe.
Les résultats obtenus ont été croisés et discutés dans une synthèse développée à l’échelle du continent européen. Il apparaît que certains types d’ornements ont une fonction forte de marqueur identitaire territorial, alors que d’autres signent des échanges inter-régionaux et une diffusion des pratiques à une large échelle géographique. Il ressort également que les pratiques ornementales néolithiques semblent se construire sur un substrat mésolithique, à l’exclusion du Bassin égéen, où semble exister une discontinuité dans les pratiques ornementales mésolithiques et néolithiques. Cette participation active du substrat mésolithique dans l’évolution des pratiques ornementales a favorisé leur régionalisation entre le Mésolithique et le Néolithique ancien. Parallèlement à cette variabilité régionale, on observe un phénomène de « globalisation » des pratiques néolithiques à travers l’ensemble du territoire européen, par la présence de certains types d’ornements sur l’ensemble du continent, tout au long du Néolithique ancien. Cette globalisation des pratiques ornementales participe à une recomposition partielle de la géographie culturelle proposée pour le Mésolithique dans notre analyse. La variabilité ornementale régionale accrue à la fin du Néolithique ancien témoignerait d’une stabilisation territoriale de groupes, s’affranchissant partiellement des normes stylistiques des premières phases du Néolithique, tout en maintenant une partie de leur identité héritée des chasseurs-cueilleurs et enrichie par l’émergence de nouvelles pratiques. Nos résultats proposent ainsi qu’une mosaïque de processus culturels et populationnels aient été mis en oeuvre au cours de la néolithisation européenne.

Solange Rigaud
s.rigaud@pacea.u-bordeaux1.fr